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Découvrir ses rayures – les 3 étapes de la découverte de la douance

  • Photo du rédacteur: Laurie-Anne Casabianca
    Laurie-Anne Casabianca
  • 12 juil. 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 juin 2021

De l’euphorie au doute, de l’identification au rejet… comment traversez-vous la découverte de votre spécificité ?






« J’ai lu un de vos articles, et je me suis complètement reconnue ! »

Marianne m’appelle un jour pour me demander un rendez-vous : elle a lu un article sur les zèbres, elle souhaite en parler avec moi. Elle arrive dans un tourbillon : « c’est la révolution ! j’ai enfin compris ce qui se passait ! »

Si vous aussi vous découvrez votre douance, n’hésitez pas à témoigner, mes coordonnées sont en bas de cet article. Je serai heureuse de savoir comment cette découverte se passe pour vous.


Tout s’explique !

Marianne a découvert que ce sujet pouvait la toucher de près à travers une lecture : c’est souvent le cas. J’ai beaucoup de clients à qui je conseille une lecture pour traverser cette découverte. C’est aidant de s’appuyer sur des mots écrits, parfois plus que sur une affirmation orale ou une question.

Je constate aussi chez mes clients que leur découverte passe fréquemment par le diagnostic posé sur leurs enfants. Cela les engage à lire, à s’intéresser au sujet, et à se trouver brusquement convoqués à cet endroit-là.

La découverte est souvent euphorisante : j’y vois souvent du soulagement, de la joie, un bonheur de la révélation. Soudain, on n’est plus tout seul face aux traits qu’on avait pris pour des dysfonctionnements, on peut enlever l’étiquette de ‘fou’ qui menaçait de coller à son comportement, celle de ‘bizarre’, voire celle d’ «anormal’. » « Ça fait du bien de me rendre compte que je ne suis pas cinglée »…

J’ai régulièrement des clients ou des patients qui me disent avoir pleuré en lisant pour la première fois un livre sur la douance, ou avoir passé plusieurs jours à le lire sans s’arrêter. La plupart du temps, leurs livres sont couverts de post-its, de notes, de couleurs… autant de réponses à des questions restées des années en suspens.

Soudain, on relie tous les points, et une forme apparait, comme dans ces petits jeux de reliage que les enfants aiment faire pour découvrir quelle forme se cache. On peut s’identifier : et c’est bien ce qui soulage : être capable de relier les points, et de se relier soi-même aux points, de trouver une identité à travers eux.

La solitude disparait. D’autres ont les mêmes traits que moi, je peux me connecter avec eux, et nous allons nous comprendre. Et j’ai enfin l’impression d’être relié au monde.

Mes clients aiment en général lire plus qu’un livre, souvent ils aiment chercher ce qui a été écrit sur le sujet, les livres, les articles, les blogs (et j’attire l’attention des lecteurs : utilisez votre bon sens et votre discernement. Tout n’est pas pertinent dans ce qui s'écrit sur la douance.)

Ils scannent leur vie avec ce nouveau regard, et y trouvent des explications à des événements qui étaient restés des mystères, ils trouvent des liens avec des gens qu’ils comprennent soudain.

Bref, le ciel se déchire, et on y voit soudain beaucoup mieux.

Moi ?? mais non, voyons !

Et en même temps que ce mouvement de joie, un mouvement de retrait s’opère de façon quasi systématique : le doute.

Je constate très fréquemment ce mouvement de repli : « non, impossible... » Il y a à la fois cet élan vers une reconnaissance de soi à cet endroit, et dans le même temps, un refus de s’y placer. « Je n’ai pas l’impression de l’être… mais si vous le dites… »

Marianne le dit très bien : « Je ne suis pas assez bien, pas si intelligente, et pas la meilleure, donc – c’est impossible. » On imagine la douance comme un don exceptionnel qui rend les gens super-performant, super-malins, et donc réussissant-tout-comme-si-de-rien-n’était. Eh bien non … (pour ne pas alourdir cet article, si vous souhaitez lire quelques traits caractéristiques des zèbres, je vous invite à consulter d’autres de mes articles : https://www.linkedin.com/in/laurie-anne-casabianca-philippe-56381086/detail/recent-activity/posts/ .)

J’aime beaucoup la phrase de Mary Elaine Jacobsen (1) : « the brightest among us may be the last ones to see it » : les plus brillants d’entre nous sont parfois les derniers à le voir. La plupart de mes clients doutent d’eux-mêmes et se constituent en très efficaces auto-critiques.

Ce scepticisme se vit souvent associé avec une double difficulté : le vocabulaire et la comparaison qu’il implique. Vous remarquerez que l’évitement du mot de « surdoué » par ceux-là même qui sont concernés, est en lui-même très significatif. Comme le dit très bien Béatrice Millêtre, (2), le terme de surdoué sous-entend des personnes plus doué que les autres : aucune des personnes concernées n’est à l’aise avec cette notion - au contraire elle ne se sentent pas particulièrement douées. La plupart du temps, il est impossible pour les zèbres de se vivre comme supérieur à l’autre.

D’autres appellations apparaissent : HP, EIP, neuro-droitier… on note aussi d’autres termes inventés au fur et à mesure, au gré des insatisfactions de ces termes déjà existants : effervescents (3), divergent mind (4), renaissance souls (5), multitalented etc…Bref, aucun de ces termes ne convient vraiment.

Cette difficulté avec les termes et la notion de supériorité qu’elle implique dans l’imaginaire collectif conduit parfois à une forme de « rétropédalage ». C’est parfois un doute très douloureux qui se fait jour : « et si en fait je croyais avoir trouvé l’explication mais que je me suis leurré moi-même ? et si j’avais tellement envie de trouver un sens à mes particularités que j’avais trouvé cette explication alors qu’en fait … ce n’est pas moi? »

Enfin, il arrive que de la colère prenne beaucoup de place: la colère de « quelqu’un à qui on a volé des années, dont on a exigé des comportements épuisant pour lui au lieu de l’aider à devenir lui-même. » (6)

Se pose enfin la question de la validation : test ou pas test ? Tout dépend de votre besoin. Mon opinion sur les tests est mitigée. Si vous souhaitez m’en parler, n’hésitez pas, je prendrai un moment pour en parler avec vous.


La douance : un de vos prisme de lecture… seulement.

« Je me reconnais à 90% ! ». Oui en effet, vous vous reconnaissez souvent dans l’hyper sensibilité (l’hyper esthésie, l’affectivité, l’émotivité, etc), la relation à l’autre (l’altruisme, l’empathie), la « tête en bouillon » comme le dit très bien une de mes clientes (la vitesse de pensée, l’arborescence, se sentir incongru dans sa façon de penser), la critique de soi, la remise en question permanente, mais aussi l’émerveillement, l’idéalisme, le besoin constant de nourriture intellectuelle et émotionnelle, etc.

Oui mais … « Et maintenant … qu’est-ce que j’en fais ? » c’est une question que j’entends souvent. « Est-ce que je dois ‘vivre avec’ ? et comment ? »

La première difficulté, c’est d’apprivoiser cette notion. Cela peut vous prendre du temps, c’est normal. Il faut du temps pour s’ajuster, vous avez tissé un nouveau fil qui traverse toute la tapisserie, prenez le temps de l’intégrer. Prenez le temps de repérer quels sont vos comportements, vos réflexes, vos blessures.

Puis, une autre période nécessaire s'ouvre, et vous la menez à votre propre rythme : vous détacher tranquillement de cette notion.

S’identifier comme doué, c’est aussi une case, et on n’est pas obligé d’y rester coincé !!

Être doué, c’est un éclairage sur votre identité, ce n’est pas votre toute votre identité.

Je vous encourage à regarder le monde à travers ce prisme, mais pas seulement. C’est une façon d’expliquer beaucoup de choses, et en même temps, ce n’est qu’une façon de les voir. Prenez la liberté de changer de lunettes…


1 - Mary Elaine Jacobsen, The Gifted Adult, a revolutionary guide for liberating everyday genius, Ballantine Books, 2000

2 - Béatrice Millêtre, Le livre des vrais surdoués, Payot psy, 2017

3 – Christel Petitcollin, Je pense trop, Guy Trédaniel 2010

4 - Jenara Nerenberg, Divergent Mind: Thriving in a World That Wasn't Designed for You, HarperOne, 24 mars 2020

5 - Margaret Lobenstine, The Renaissance Soul: How to Make Your Passions Your Life, Updated édition, 2013

6 – Monique de Kermadec, L'Adulte surdoué : Apprendre à faire simple quand on est compliqué, Albin Michel, 2013

 
 
 

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